Étude Pesti'Home
Mieux connaître les utilisations domestiques des pesticides
Afin de mieux connaître les pratiques et les usages des pesticides des Français à leur domicile, dans les habitations, les jardins ou encore pour traiter les animaux domestiques, l’Anses a mis en place l’étude Pesti’home. Cette étude dresse un aperçu complet des produits pesticides utilisés à domicile, les conditions d’utilisation ainsi que les profils des utilisateurs.
L’étude Pesti’home, qu’est-ce que c’est ?
L’étude Pesti’home prend en compte les produits disponibles à la vente pour les particuliers : ceux utilisés pour protéger les plantes d’intérieur et d’extérieur, des produits biocides utilisés à la maison pour lutter contre les insectes, les rongeurs ou les parasites et moisissures du bois, et des médicaments antiparasitaires humains et vétérinaires contre les poux, les puces, les tiques, etc.
L’étude a été réalisée en France métropolitaine en 2014 auprès d’un échantillon représentatif des ménages répartis sur l’ensemble du territoire. Au total, 1507 ménages ont participé à l’enquête, basée sur un questionnaire et un inventaire à domicile des produits stockés.
Les principaux enseignements de l’étude Pesti’home
75 % des ménages ont utilisé au moins une fois un pesticide dans l’année
Les produits les plus utilisés sont les insecticides : 84% des ménages ayant utilisé des pesticides ont employé des insecticides dans l’année. Ce sont principalement des biocides utilisés contre les insectes volants (40% des ménages) et les insectes rampants (28%), et des médicaments vétérinaires pour lutter contre les parasites des animaux de compagnie (61% des ménages ayant un animal domestique). La moitié des utilisateurs d’insecticides en utilisent au moins 3 fois par an.
Viennent ensuite les herbicides et les produits contre les maladies des plantes d’extérieur, utilisés respectivement par 22% et 20% des foyers ayant un espace extérieur : jardin, terrasse, balcon. Les herbicides sont utilisés au moins 2 fois par an par la moitié des utilisateurs, tout comme les fongicides.
Enfin, les répulsifs cutanés humains, tels que les répulsifs contre les moustiques, utilisés par 12 % des utilisateurs à une fréquence importante : au moins 6 utilisations par an pour la moitié des ménages et plus de 25 fois par an pour un quart des ménages.
3 profils-types d’utilisateurs de pesticides à domicile
Selon les principaux usages des produits et leurs fréquences, 3 profils-types d’utilisateurs ont été définis :
- les faibles utilisateurs de produits pesticides, qui traitent peu contre les nuisibles. Ce sont des ménages qui habitent dans des logements collectifs, en centre-ville, souvent dans la région Ile-de-France ;
- les forts utilisateurs de ces produits : ils possèdent des animaux de compagnie qu’ils traitent contre les puces, les tiques, et/ou ont recours aux traitements contre les poux pour l’homme ;
- les très forts utilisateurs de pesticides, ont plusieurs usages de différents types de produits, dans leur jardin, maison, piscine, et pour se protéger eux-mêmes des insectes.
Recommandations de l’Agence
Mieux informer sur les conditions d’utilisation et les modalités d’élimination des produits
Le premier enseignement de l’étude Pesti’home relève des précautions d’emploi des pesticides à la maison, clairement pas assez connues et donc suivies. Par exemple, environ un tiers des ménages ne lit jamais les indications des emballages des anti-acariens et anti-rongeurs et un quart d’entre eux ne les lit jamais pour les produits contre les insectes volants et rampants. D’autre part, si les précautions d’emploi sont suivies par la majorité des ménages lorsqu’ils utilisent des produits pour traiter les plantes d’extérieur (70%) ou des produits anti-poux (68%), ils ne sont que 29% à les respecter lors de l’utilisation de répulsifs, et 36% pour les produits contre les insectes volants.
L’Anses souligne donc la nécessité de mieux informer le grand public sur les conditions d’utilisation des pesticides à domicile, tous produits et usages confondus. Il est indispensable de lire les recommandations figurant sur les emballages ou les notices et de les suivre attentivement, en veillant par exemple si c’est indiqué au port de gants ou à l’aération de la pièce où le produit a été utilisé. Pour les antiparasitaires vétérinaires vendus en pharmacie ou par les vétérinaires, l’Anses recommande aux professionnels de bien expliquer les conditions d’application figurant sur la notice.
Pesti’home montre aussi que les utilisateurs ne savent pas suffisamment comment se débarrasser des produits. A titre d’exemple, 60% des ménages jettent leurs produits inutilisés à la poubelle et seulement 31% les déposent à la déchetterie. D’autre part, plus d’un quart des ménages avaient dans leur stock au moins un produit de protection des plantes interdit la vente[1] . Pour l’Anses, il est donc important que les pouvoirs publics et les collectivités locales diffusent les informations et conseils pratiques pour éliminer les produits qu’ils soient anciens, usagés ou interdits. L’Agence rappelle ainsi qu’il est recommandé de ne pas les jeter à la poubelle ni les vider dans l’évier mais de les déposer à la déchetterie ou à l’endroit prévu par la mairie, la communauté de communes ou d’agglomération.
Mieux évaluer les expositions et les risques liés aux usages de pesticides à domicile
L’étude Pesti’home apporte des connaissances sur les usages réels des pesticides à domicile au quotidien. Ces informations sont indispensables pour mieux évaluer les expositions et les risques potentiels pour la santé des populations et identifier en particulier les expositions cumulées à des substances chimiques.
Les données recueillies ont d’ores et déjà permis d’orienter les campagnes de mesures dans l’air intérieur et les études d’imprégnation des populations (mesures dans le sang, les cheveux, les urines), et elles contribueront à interpréter leurs résultats.
Fin 2019, l’ensemble des données Pesti’home seront accessibles via une plateforme open data et pourront ainsi être exploitées dans le cadre des travaux de recherche et d’évaluation sur l’exposition de la population aux pesticides. D’autre part, les résultats de Pesti’home seront partagés au niveau européen afin, notamment, d’affiner les modèles d’exposition de l’Homme et de l’environnement ainsi que les conditions d’emplois prévues pour les produits biocides à usage domestique.
Enfin, l’étude Pesti’home a été étendue à l’outremer et les résultats de ce volet seront publiés en 2020.
[1] Comparée à la période où l’enquête a été réalisée, la proportion de produits interdits a augmenté : en effet, depuis le 1er janvier 2019, la Loi Labbé interdit l’achat, l’usage et la détention des produits phytopharmaceutiques chimiques de synthèse par les particuliers.