Les dangers du bronzage artificiel
L’exposition aux rayonnements ultraviolets artificiels constitue un risque avéré de cancers de la peau. Au regard de l'essor de la pratique du bronzage artificiel et de l’accroissement du nombre de cancers de la peau, l’Agence a mené plusieurs travaux pour évaluer les risques sanitaires liés à l’exposition aux UV artificiels. Le point sur ce sujet.
L’exposition aux rayonnements ultraviolets naturels et artificiels représente un facteur de risque majeur dans le développement des cancers de la peau (mélanomes et carcinomes cutanés). La pratique du bronzage artificiel n’a cessé d’augmenter ces dernières années tandis que les cancers cutanés sont les cancers ayant connu la plus forte progression : le nombre de mélanomes cutanés a plus que triplé dans la période 1980-2005. En France, les mélanomes cutanés représentent l’une des premières causes de mortalité chez les moins de 35 ans.
Quels sont les risques liés à l’exposition aux ultraviolets ?
La lumière naturelle contient trois types de rayonnements ultraviolets : UVA, UVB et UVC. En France, les cabines de bronzage émettent principalement des UVA, l’éclairement des UVB étant limité par la réglementation.
Qu’ils soient d’origine naturelle ou artificielle, les rayonnements UV sont dangereux, entraînant des coups de soleil, un vieillissement accéléré de la peau et, plus grave encore, des cancers de la peau. Les UV présentent également des risques pour l’œil tels que la dégénérescence maculaire de la rétine ou la cataracte précoce.
L’exposition répétée aux UV s’accompagne, après 10 à 20 ans, de l’apparition de tâches, de rides et d’un amincissement de la peau.Cet effet est d’autant plus marqué pour les expositions aux UV artificiels car il est attribuable en très grande partie aux UVA qui pénètrent plus profondément dans la peau.
Les cabines de bronzage sont des lieux d’exposition à des sources intenses d’UV qui sont beaucoup plus riches en UVA que la lumière naturelle. L’exposition à ces UV provoque des lésions sur l’ADN pour des doses inférieures à celles déclenchant le coup de soleil. L’utilisateur peut ressentir, à tort, un sentiment de sécurité dû à l’absence de coup de soleil.
Le bronzage artificiel augmente les risques de cancer cutané
En juillet 2009, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé l’ensemble du spectre UV (UVA, UVB, UVC) ainsi que les appareils de bronzage comme « cancérogène certain pour l’Homme».
Les doses d’UV reçues dans les cabines de bronzage s’ajoutent à celles des expositions aux UV naturels, augmentant ainsi le risque de cancer cutané. Les données épidémiologiques montrent que le fait d’avoir été exposé au moins une fois dans sa vie à un appareil émettant des UV artificiels entraîne une augmentation de 15 % du risque de développer un mélanome cutané. Ce risque de mélanome augmente de 59 % quand l’utilisation d’appareils de bronzage artificiel débute avant l’âge de 35 ans. En France, en 2015, 1,5 % des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6 % chez les femmes pouvaient être attribués à l’exposition aux appareils de bronzage.
Travaux et recommandations de l’Anses
En 1997, le premier décret réglementant l'utilisation d'appareils de bronzage en France prévoyait la limitation de la proportion d’UVB à 1,5% de l’éclairement énergétique total ainsi que l'interdiction de la pratique du bronzage artificiel par les mineurs. Ces dispositions réglementaires ont été renforcées avec la publication du décret n°2013-1261 du 27 décembre 2013. Celui-ci impose notamment, la présence d’un personnel qualifié dans les établissements où est proposé le service, l’information des utilisateurs sur les risques liés au bronzage artificiel et le contrôle technique des installations.
Dès 2005, l’Anses recommandait de ne pas s’exposer aux UV artificiels. Depuis, les connaissances scientifiques disponibles ont permis de documenter les effets cancérigènes des UV et les dangers liés à l’utilisation des cabines de bronzage. S’appuyant sur ces données, l’Anses a publié plusieurs avis dans le cadre de la mise en œuvre du décret relatif à la vente et à la mise à disposition du public de certains appareils utilisant des rayonnements ultraviolets.
En 2012, l’Anses soulignait que le dispositif réglementaire constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanéspour les utilisateurs de cabines de bronzage. Elle recommandait à terme, l’arrêt de tout usage commercial et de la vente d’appareils délivrant des UV artificiels à visée esthétique.
En 2018, l’Anses rappelle la dangerosité du bronzage artificiel et recommande aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels.